Le toucher
Chez le fœtus, le toucher est le premier sens pleinement opérationnel in utero et est celui le plus développé à la naissance. C’est pourquoi le contact précoce entre la mère et son bébé - le « peau à peau » - juste après l’accouchement est reconnu et encouragé par l’ensemble de la communauté médicale. Ce contact facilite la transition entre vie intra et extra utérine, le bébé y retrouvant le bruit du cœur de sa mère, son odeur et sa chaleur. Cette technique aide efficacement le nouveau-né à maintenir sa température et le réchauffe même plus rapidement qu’une couveuse. Un moment d’échanges précieux qui permet de développer l’attachement et de faciliter le lien. Mais aussi qui illustre les propriétés bénéfiques du toucher.
Car notre peau contient une sous-catégorie de neurones spécialisés dans la perception du toucher affectif positif, du toucher délicat. Ils sont appelés « mécanorécepteurs » et se trouvent au niveau du derme. Différentes types de cellules nerveuses réagissent selon le type de toucher comme, par exemple, pour un stimulus de douleur ou pour celui d’une démangeaison. Mais un troisième type de cellules nerveuses a été trouvé bien plus tard, celui qui réagit aux caresses. Ces cellules nerveuses se trouvent en plus grand nombre dans les zones pourvues de poils -ou duvet.
Dès 1958, la théorie de l’attachement de John Bowlby nous informait déjà de l’importance du contact affectif chez les enfants. Il mettait en avant qu’un enfant privé d’affection maternelle développait souvent un retard mental ainsi que des comportements disproportionnés en réponse à ses émotions (dépendance affective, faible estime de soi, attitude défensive ou trop protectrice, etc).
Plus tard, Harry Harlow mis en lumière cette théorie au travers d’une expérience scientifique : il étudia le comportement d’un échantillon de bébés macaques séparés de leurs mère. Il plaçait dans les cages deux objets : un biberon rempli de nourriture ainsi qu’un tissu reproduisant la texture du poil, sans aucune nourriture. L’expérience démontrant qu’après s’être parfois nourri quelques secondes, les bébés, apeurés, accouraient toujours se blottir contre le tissu dont la texture se rapprochait du poil maternel.
Bowlby et Harlow démontraient deux choses fondamentales : des carences émotionnelles dues à la privation du toucher et la recherche du contact affectif pour apaiser ses émotions.
Car le toucher affectif apporte différents bénéfices. Tout d’abord ceux immédiats : le toucher affectif va avoir un effet analgésique, apaiser notre stress (chute du taux de cortisol, de la pression sanguine et de la fréquence cardiaque), calmer notre peur, nous réconforter, améliorer notre sentiment d’appartenance éliminant ainsi notre solitude. Mais il a aussi un rôle fondamental dans la construction de l’être humain puisque le toucher affectif dans l’enfance joue sur nos compétences sociales et cognitives, ainsi que sur notre capacité à produire les hormones aux grands effets positifs comme la sérotonine, l’ocytocine, etc. Le contact façonne donc notre cerveau social.
On peut aisément rapporter ces différents effets bénéfiques au massage ou encore aux soins du visage. Comme ils se composent de mouvements lents et profonds, ils favorisent aussi les bénéfices neurophysiologiques de l’apaisement, le sentiment d’appartenance… tout en nous permettant de travailler également sur différents aspects esthétiques.
Le massage serait aussi la clé dans différentes prises en charge thérapeutiques.
Récemment, dans le cadre de thérapies complémentaires au traitement du cancer, des études ont prouvé que le massage renforce le système immunitaire en stimulant les cellules qui combattent les tumeurs. De même qu’à une fréquence soutenue, les douleurs et l’humeur des patients cancéreux étaient grandement améliorés. -Toujours demander l’avis d’un médecin-
D’ailleurs le toucher devient un véritable sujet de recherches scientifiques et médicales comme le montre la création de l’Institut de recherche sur le Toucher (Touch Research Institute) de Miami où sont étudiés tous ces bienfaits.